Patrimoine : une aventure humaine
Un écosystème vertueux
En Crau, contrairement au système agricole classique consommateur d’eau, c’est la culture du foin qui assure la ressource en eau du territoire. À l’origine, la Durance était un fleuve tumultueux qui rejoignait directement la Méditerranée par son delta. Aujourd’hui, les nombreux aménagements initiés au XVIe siècle ont fait de ce fleuve une rivière qui se jette dans le Rhône à la hauteur d’Avignon, et dont l’eau est précieusement “récupérée” grâce à la culture du Foin de Crau.
Ce sont les prairies permanentes de Foin de Crau qui, arrosées gravitairement par submersion régulière avec les apports en eau de la Durance, via les canaux d’irrigation, filtrent et rechargent en eau la nappe phréatique de la Crau (classée d’intérêt patrimonial majeur) et en assurent la qualité.
Elle constituent la ressource en eau potable de plus de 300 000 habitants et la ressource en eau douce de nombreuses activités essentielles à la vie économique du territoire, en particulier dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer ainsi que pour l’irrigation par goutte à goutte ou micro aspersion des surfaces arboricoles ou maraîchères de la Crau.
“La biodiversité de notre territoire dépend essentiellement du maintien de l’élevage et du foin de Crau.”
La Crau est un fantastique exemple d’interaction entre l’homme et la nature ayant conduit à la création d’un paysage et d’un écosystème uniques au monde, possédant de fait une grande originalité et une forte richesse biologique. Il s’agit d’une synergie entre une agriculture (élevage) et un environnement favorable à la biodiversité (milieu stressant mais non extrême comme les déserts chauds ou froids). Le gradient de pâturage présenté précédemment et la diversité des choix de conduite des troupeaux offrent ainsi des habitats de nidification favorables à une faune complexe. Pour autant, l’activité de pâturage pratiquée n’est pas une activité folklorique ou de subsistance : elle participe à l’activité économique de deux régions (Provence et Alpes) et constitue le moteur de la formation au métier de berger en France (école du Domaine du Merle à Salon-de-Provence). Avec plus de 100 000 brebis présentes sur les coussouls, il s’agit là d’une des plus fortes concentrations ovines en France, dont l’impact global sur la biodiversité est favorable tant que se maintiennent les pratiques d’élevage traditionnel.
L’équilibre des paysages, de la nappe et de la richesse écologique dépend de la préservation de la culture du foin de Crau et de la tradition de l’élevage.